Exposition d'Icônes

Reflexion

Icône: un « art sacré » par l'utilisation d'un langage, véritable «science des formes » ou symbolisme !

Elle exalte son caractère « sacré » dans le sens le plus noble : manifester la présence de Dieu au cœur de notre humanité croyante.

Bénie par un prêtre, elle se démarque des images religieuses, car elle véhicule son propre langage communautaire par sa présence au sein de la liturgie : fenêtre sur l'invisible !

Les Pères de l'Eglise qui sont les auteurs des icônes, ont donné à celles-ci, une fonction pédagogique, pour nous délivrer un message en images.

Avant le schisme de 1054, l'église d'occident et l'église d'orient formaient une seule et même église.

Rappelons quelques propos du Concile œcuménique de Nicée II de l'an 787 :

« …la richesse que représente l'Icône, que trop longtemps inconsidérée à sa juste place : trésor de l'Eglise indivise et enfin offerte au monde occidental par le monde oriental, pour une plus large communion des esprits ».

Au fil du temps l'icône s'est nourrie de toutes les expériences de l'homme et l'icône canonique fait son chemin et parle d'elle-même à celui qui accepte de se laisser regarder et de regarder celle-ci dans une perspective dite « inversée ». Contrairement à un tableau classique, offrant au spectateur un point de fuite, comme une scène vue à travers une fenêtre, l'icône s'offre à nous ! Il est possible de constater que le ou les sujets représentés pourraient se trouver posés sur le support, à la manière d'une superposition de deux fenêtres : l'une temporelle et l'autre intemporelle.

Si nous observons une vierge de Théophane le Grec, pourtant réalisée au XIVème siècle, nous constatons qu'elle semble sortir des entrailles de notre XXIème siècle de par la modernité de sa représentation.

Pour que l'iconographe parvienne à incarner cette beauté intérieure qui rejaillit sur celui qui la contemple, les Pères de l'église ont élaboré des règles précises et rigoureuses, à l'intérieure desquelles, la créativité du peintre doit s'exprimer, et ce, dans une «  joie créatrice » de l'âme.

L'égo se pense souvent original en se disant « artiste », pourtant le peintre contemporain Balthus disait de lui-même : « je suis un artisan, pas un artiste. Seulement Dieu crée, moi je travaille ». Ainsi, l'artisan participe de façon consciente au plan du « grand Architecte de l'Univers ».

L'iconographe se reconnaît comme simple artisan, fidèle à la tradition, qui n'est pas répétition, mais révélation continue de la vie intérieure de l'église. Il n'est pas un « copiste », même s'il en donne l'apparence au public non averti, il s'appui en réalité sur un prototype, qui est plus un archétype, c'est-à-dire une idée juste de ce qui doit être représenté.

Si toute l'ascèse vise à éliminer la subjectivité émotionnelle « du petit moi » de l'iconographe ; il reste que l'Icône, tout en respectant une codification inéluctable, porte en elle, la sensibilité de celui qui l'a réalisé. Dans un respect des canons iconographiques il est garant de la tradition pour les générations à venir.

L'art chrétien n'a que pour objectif « la transfiguration de l'être », qui dépend de lui-même, par la participation du Christ.

L'Icône doit continuer à servir l'Eglise pour favoriser la prière.

Quoi de plus contemporain que l'Icône : école d'humilité, pour une redécouverte du sens et du sacré !

Enfin, le bonheur n'est-il pas de pouvoir œuvrer sur des chemins d'éternité ?

Sylvie GUERRA-NEDELEC, peintre d'Icônes